On vit une crise sans précédent avec notre voisin américain. L’impact de l’incertitude et de la menace tarifaire nous amène à requestionner nos politiques publiques et les modèles d’affaires de nos entreprises. Cela nous amène aussi à requestionner l’utilisation de nos ressources naturelles pour favoriser le développement économique de nos régions et décarboner nos industries au-delà de nos frontières.
On le dit depuis trop longtemps, le Québec a une chance unique de devenir un joueur de calibre mondial dans le secteur des minéraux critiques et stratégiques (MCS), ce qui nous donnerait un rapport de force important vis-à-vis nos partenaires internationaux. Dans les dernières semaines, un constat s’est imposé : les minéraux comme le graphite, le lithium, le cuivre, le nickel, le niobium, le fer de haute pureté et le titane, qui sont actuellement extraits des sols au Québec, sont non seulement irremplaçables dans la transition énergétique, mais sont aussi un levier de puissance économique durable à travers leur extraction et leur transformation en produits manufacturés. Les tensions avec nos voisins du Sud n’ont fait qu’exacerber la nécessité de miser plus que jamais sur cet atout.
Alors que le Québec bénéficie d’un sous-sol extrêmement riche, nous importons cependant beaucoup de ces minéraux. Nous aurions pourtant la capacité d’approvisionner l’Amérique du Nord. Au-delà des États-Unis qui ont besoin de nos MCS, d’autres marchés comme l’Europe, la Corée du Sud, le Japon sont également des débouchés naturels à l’exportation pour le Québec.
Qu’est-ce qui nous retient? Il faut passer de la parole aux actes: les gouvernements se targuent d’avoir des minéraux critiques essentiels. Pourtant, les politiques et la règlementation ne permettent pas à l’industrie de prendre son plein envol et de jouer son rôle dans le développement économique régional. Par exemple, certaines directives, règlements et orientations créent un climat d’affaires imprévisible, imposent des délais indus aux projets et alourdissent la charge administrative de nos développeurs au lieu de faciliter l’harmonisation des usages.
Il faut dorénavant plus de 10 à 15 ans pour démarrer un projet minier au Québec alors que d’autres juridictions font bien mieux. Le Québec peut et doit lui aussi faire mieux s’il veut attirer les investisseurs étrangers et développer cette filière d’avenir.
L’industrie minière a considérablement amélioré ses pratiques et met tout en œuvre pour répondre aux normes sociales et environnementales qui évoluent sans cesse. Trop souvent, l’opposition à certains projets miniers puise dans des idées préconçues, ancrées dans les pratiques d’une autre époque et en porte-à-faux avec les communautés qui veulent développer leur économie régionale et offrir de bons emplois à leur population. Cette réalité nuit au développement harmonieux de cette richesse collective.
La communauté d’affaires dans les régions est prête à relever le défi et offre sa collaboration au gouvernement pour développer et accélérer ces projets. On doit agir maintenant si on veut se donner un rapport de force et assurer la pérennité économique du Québec.
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Lettre ouverte cosignée entre la Fédération des chambres de commerce du Québec (FCCQ) et l’Association minière du Québec (AMQ).