Une des premières choses que l’on voit en arrivant à la première mine de diamant au Québec, c’est la plateforme d’entreposage du gaz naturel liquéfié. Les employés de la mine en tirent une très grande fierté : Stornoway est la première mine au Canada à utiliser le gaz naturel liquéfié pour produire l’énergie nécessaire à ses activités minières.
Le 11 mars 2016, les premières génératrices au gaz naturel entraient en fonction. C’était l’aboutissement d’un processus d’évaluation de plusieurs sources d’énergie qui s’est conclu par une décision qui a retenu l’attention de l’industrie minière et des communautés éloignées. Encore maintenant, elle suscite beaucoup de curiosité par son côté innovateur. Examen de ce projet innovateur avec Ghislain Poirier, vice-président, Affaires publiques, chez Stornoway.
« Lorsque nous avons réalisé notre étude de faisabilité », explique Ghislain Poirier, « nous avons choisi la solution la plus utilisée pour produire de l’électricité dans les régions où il n’y a pas de lignes électriques : le diesel. Nous avons fait ce choix un peu à reculons, car le diesel est un combustible parmi les plus polluants, qui produit une grande quantité de dioxyde de carbone, et dont la manutention comporte plusieurs risques pour la sécurité et pour l’environnement, » conclut-il.
Par la suite, Stornoway a aussi évalué l’installation d’une ligne électrique comme solution de remplacement au diesel. « Notre premier choix, c’était la ligne électrique, » explique M. Poirier. « Après tout, notre mine se trouve dans le grenier énergétique du Québec. C’est une énergie propre et renouvelable, qui fait la fierté des Québécois et des Québécoises depuis plusieurs années. »
Le problème, c’est que pour se rattacher au réseau, « il aurait fallu construire une ligne sur 160 kilomètres, » regrette M. Poirier. L’étude de faisabilité, réalisée par Hydro-Québec aux frais de Stornoway, a conclu que le coût de la ligne électrique serait non rentable pour la minière, compte tenu de la durée de vie prévue de la mine.
« Il restait donc une autre alternative soit le gaz naturel liquéfié (GNL) », conclut Ghislain Poirier. « Ce n’est pas un réflexe, au Québec, de choisir le gaz naturel liquéfié pour alimenter des installations industrielles, ou minières. Or, c’est courant ailleurs dans le monde. »
Les résultats de l’étude de faisabilité sur le GNL ont étonné les membres de la direction de Stornoway. « Bien que le choix du gaz naturel liquéfié représentait des coûts supplémentaires en capital par rapport au scénario diesel, il nous permettait de réduire nos coûts d’exploitation de 8 à 10 millions de dollars par année pendant les 11 ans de vie initiale de la mine, » souligne M. Poirier. « Le prix du gaz naturel est aussi beaucoup plus stable que celui du diesel, qui fluctue constamment sur les marchés, ce qui nous expose à des risques financiers. Mieux encore, nos émissions de gaz à effet de serre (GES) seraient inférieures de 43 % : tout un gain environnemental, » s’exclame-t-il!
Le choix s’impose alors de lui-même: la mine Stornoway sera alimentée au gaz naturel liquéfié.
Le GNL en quelques mots
Le gaz naturel liquéfié est tout simplement du gaz naturel à l’état liquide. Lorsque le gaz naturel est refroidi à environ -160 degrés Celsius, il se transforme en un liquide clair transparent et inodore. « Le gaz naturel, lorsqu’il est liquéfié, perd beaucoup de ses polluants », explique Ghislain Poirier. « De plus, le GNL occupe 600 fois moins d’espace que le gaz naturel. C’est un avantage pour le transport et l’entreposage », ajoute-t-il.
Le transport
Une flotte de 9 camions approvisionne la mine tous les jours de l’année, sans interruption. Six de ces camions sont constamment sur la route, assurant un approvisionnement suffisant pour 10 jours d’opérations minières. Les 3 autres camions sont en réserve/maintenance. À l’arrivée à la mine, le gaz naturel liquéfié est transféré dans 6 réservoirs cryogéniques de 330 mètres cubes. Il est ensuite retransformé en gaz naturel pour alimenter les génératrices et produire l’énergie dont la mine a besoin. Sept génératrices au gaz naturel peuvent produire une quantité nominale de 14 mégawatts d’électricité, soit suffisamment d’énergie pour alimenter environ 21 000 maisons. « Nous récupérons la chaleur produite par les génératrices pour chauffer nos installations souterraines. Une autre économie majeure et un gain environnemental important que nous avons pu réaliser, » souligne M. Poirier.
Stornoway innove et trace le chemin à suivre
L’approvisionnement énergétique des entreprises en région éloignée est un enjeu déterminant dans le développement du Nord québécois. Dans ces régions, l’absence des réseaux hydroélectrique ou gazier contraint les populations et les projets industriels, miniers pour la plupart, à miser abondamment sur le pétrole (diesel, mazout) pour répondre à leurs besoins énergétiques, avec tous les inconvénients que cela comporte, comme mentionné dans ce billet.
« Les sociétés minières sont à la recherche de solutions pour remplacer le diesel et le mazout par une forme d’énergie moins coûteuse et moins dommageable pour l’environnement », affirme Ghislain Poirier. « Ces sociétés ont été particulièrement intéressées par notre projet et, partout où nous avons présenté notre projet de centrales alimentées au gaz naturel liquéfié, j’ai eu à répondre à un très grand nombre de questions. Je crois que nous allons voir de plus en plus de sociétés minières avoir recours au gaz naturel liquéfié pour leurs nouveaux projets dans le Nord québécois et le Nord canadien » conclut-il.
Sommes-nous à l’aube de la création d’une nouvelle filière énergétique pour le nord du Québec? C’est sans doute le cas grâce à des sociétés comme Stornoway.