Corporation minière Monarch se tourne vers une initiative visant principalement le papillon monarque par l’implantation d’asclépiades sur les sites miniers de la compagnie.
En vertu de la Loi sur les mines au Québec, toute entreprise qui se lance dans un projet minier doit soumettre au préalable un plan de réaménagement et de restauration pour le site visé. Ce plan doit être approuvé par le ministère de l’Énergie et des Ressources naturelles avant même que l’entreprise puisse débuter l’exploitation de la mine. Une partie de ce plan doit viser la revégétalisation des sols, ce qui n’est pas une tâche simple, surtout lorsque les sols ne contiennent pas de matières organiques ou de nutriments. C’est le cas des résidus miniers. Une fois que la roche est empilée et qu’elle ne contient plus de dangers pour l’environnement, les entreprises minières s’assurent de revégétaliser ces parcs à résidus miniers, ainsi que les haldes à stériles miniers, essentiellement des montagnes de roches qui ne contiennent pas de minéraux de valeur ou dont ceux-ci ont été retirés. Ce processus de restauration des sites miniers est obligatoire et vise à limiter les impacts environnementaux et visuels de l’activité minière. En d’autres termes, les exploitants miniers donnent un coup de main afin que la nature reprenne ses droits.
Mais revégétaliser un site constitué essentiellement de roches est un défi de taille pour les entreprises minières. Premièrement, en raison de l’absence de nutriments et de matières organiques propices à la croissance des végétaux. Et deuxièmement, en raison de la difficulté à sélectionner les espèces végétales qui s’établiront avec succès et à long terme sur les sites.
Il importe aussi de conserver une certaine biodiversité sur ces sites. Par exemple, les pollinisateurs (papillons, abeilles) sont primordiaux dans un écosystème en santé. Au Québec, ils jouent un rôle clé dans la production maraichère, spécifiquement pour les cultures de pommes, de bleuets et de canneberges. Malheureusement, il arrive que l’activité humaine, quelle qu’elle soit, amène une dégradation, voire une destruction de l’habitat de ces pollinisateurs et donc, la réduction de la biodiversité.
À la lumière de ces deux problématiques (la complexe revégétalisation de sols difficiles et la perte de biodiversité en lien avec le déclin des pollinisateurs), une première initiative de l’Insectarium de Montréal en association avec l’entreprise Corporation minière Monarch a vu le jour en 2018. Cette initiative visait principalement le papillon monarque par l’implantation d’asclépiades sur les sites miniers de la compagnie. La plantation d’asclépiade est recommandée par la Fondation David Suzuki, car les chenilles des monarques se nourrissent exclusivement de ces feuilles. Cette initiative a donné naissance à un mouvement de solidarité dans le but de protéger la biodiversité dans la région de l’Abitibi-Témiscamingue, alors que d’autres compagnies minières ont joint le projet Monarch. À ce regroupement s’est ajouté l’Institut de Recherche en Mines et en Environnement (IRME) de l’Université du Québec en Abitibi-Témiscamingue (UQAT). En 2019, le groupe a commencé un projet de recherche sur la revégétalisation des sites miniers à l’aide de plantes propices à l’émergence des pollinisateurs. Les autres sociétés minières impliquées dans le projet sont :
– la mine Canadian Malartic;
– les mines Agnico Eagle;
– Eldorado Gold Québec;
– Et la fonderie Horne, une compagnie Glencore.
À la mine Canadian Malartic, par exemple, une parcelle de 400 m² a été aménagée. Environ 455 plants de sept espèces de fleurs différentes ont été plantés. Comme il y a peu de données sur la capacité des sites miniers à soutenir des plantes pour pollinisateurs, cette étude tente donc de trouver les meilleures combinaisons d’espèces végétales et ainsi, partager les données nécessaires à une revégétalisation efficace des sols par les entreprises minières de la région et, plus largement, du Québec.
Cette étude a débuté en 2019 et elle devrait se terminer en 2023. Elle a ciblé deux plantes principalement, soit la verge d’or et l’asclépiade. Ce sont des plantes résilientes qui poussent généralement en bordure des routes. L’hypothèse préliminaire laisse croire que ces plantes pourraient facilement s’adapter aux sols miniers. Qui plus est, comme le nectar de celles-ci se retrouve en forte concentration dans le miel, cela signifie qu’elles sont appréciées des pollinisateurs.
À la lumière des résultats de l’étude, l’IRME souhaite maintenant informer ses partenaires miniers (ainsi que les autres entreprises minières au Québec) sur la combinaison idéale de plantes pour la revégétalisation des sites miniers. Non seulement ces connaissances aideront les entreprises à procéder à la restauration de leurs sites miniers lors de la fermeture, mais elles contribueront à la conservation des insectes pollinisateurs ainsi qu’à contrebalancer la perte de biodiversité découlant des activités minières et industrielles et du développement urbain. Les projets miniers futurs pourraient également bénéficier de ces résultats lors de l’élaboration de leur plan de restauration; un plan de revégétalisation axé sur la restauration de la biodiversité contribuerait inévitablement à favoriser encore davantage l’acceptabilité sociale des projets.
Comme cette étude était en cours au moment de rédiger cet article en 2021, les résultats n’étaient pas tous encore disponibles. L’Association minière du Québec attend les résultats finaux avec grand intérêt.
– https://www.uqat.ca/recherche/chaire-industrielle-crsng-uqat-biodiversite-en-contexte-minier/communications/colloque-annuel-2020/Partenaire_AgnicoEagle_S-J_Rivard.pdf
– https://www.newswire.ca/fr/news-releases/maintenir-la-biodiversite-des-ecosystemes-tout-en-participant-au-developpement-minier-responsable-879464430.html
– http://developpementdurablertft.ca/Rapport2014/pdf/Page_12-Bouton_Systeme_recuperation.pdf
– https://www.uqat.ca/nouvelles-et-evenements/nouvelle/?id=1347